CPE : Villepin plus déterminé que jamais

Publié le par rezeid

Le premier ministre n'entend pas céder à l'ultimatum des syndicats, qui «exigent» que le retrait du texte soit annoncé aujourd'hui.

 
Photo AFP/Pierre Andrieu  PAS QUESTION de céder à l'ultimatum lancé par les anti-CPE ! Jacques Chirac et Dominique de Villepin sont, plus que jamais, décidés à ne pas retirer le CPE et à mettre ainsi fin à cette malédiction qui veut que, depuis 1986, la droite plie systématiquement devant les manifestations de jeunes. Le président de la République et le premier ministre «sont sur la même longueur d'onde», insiste-t-on à l'Elysée. «Ceux qui voudraient enfoncer des coins entre eux n'y arriveront pas.»
 
Samedi, la mobilisation contre le contrat première embauche s'est renforcée par rapport aux précédentes manifestations. Entre 503 600 manifestants, selon le ministère de l'Intérieur, et 1 500 000 pour la CGT ont participé à plus de 160 défilés dans toute la France. A Paris, on a compté de 80 000 à 350 000 personnes ; à Bordeaux, de 20 000 à 55 000 ; à Toulouse, de 21 000 à 45 000 ; à Rennes, fief de la contestation étudiante, de 15 000 à 35 000. Mais c'est à Marseille que la fourchette des estimations est la plus contradictoire : le chiffre passe de 10 000, selon la police, à 130 000, selon les organisateurs.
 
A l'Élysée et à Matignon, on reconnaît que la mobilisation, «significative», est à rapprocher des manifestations contre la loi Fillon (530 000 personnes en mars 2005), pour la défense du pouvoir d'achat (470 000 en octobre 2005). «Quand on met dans la rue les lycéens, les étudiants, leurs parents, les fonctionnaires, le diable et son train, on peut s'attendre à autant de monde», ironise un ministre. «Ce n'est quand même pas 1984 et l'école libre. La France de droite nous dit tenez bon», analyse le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé.
 
«On ne peut pas prendre un pays en otage»
 
Les partisans de Chirac et Villepin revendiquent d'ailleurs le soutien ferme des députés et des sénateurs UMP, et de l'électorat de droite. Pour le président du groupe UMP à l'Assemblée, Bernard Accoyer, il «ne saurait être question de ne pas appliquer le CPE». «On ne peut pas prendre un pays et une jeunesse en otage en disant «retirez et on verra», affirme-t-il, dans un entretien au quotidien Les Echos. Le premier ministre a sondé par téléphone, ce week-end, un grand nombre de parlementaires qui l'ont assuré de leur solidarité.
 
De quoi lui mettre du baume au coeur au moment où il accuse une nouvelle chute de six points dans le dernier baromètre de popularité Ifop/JDD, à 37% de satisfaction contre 61% de mécontents. Dans une autre enquête BVA pour La Dépêche du Midi, 63% des Français pensent que le premier ministre ne cédera pas, même si 60% souhaitent le retrait du CPE.
 
L'ultimatum des syndicats et des organisations lycéennes et étudiantes a renforcé la détermination de Chirac et Villepin. «Poser en préalable le retrait du CPE, c'est nier l'esprit même de la République. Si le gouvernement recule, ça veut dire que c'est la rue qui commande. Au risque de voir nos électeurs grossir le bataillon des abstentionnistes. L'enjeu est là et le premier ministre l'a bien compris», affirme Henri Cuq, le très chiraquien ministre des Relations avec le Parlement. Tenir, mais comment ? A l'aube d'une nouvelle semaine de tensions, Jacques Chirac et Dominique de Villepin se sont parlé tout le week-end au téléphone. Le chef du gouvernement a reçu les ministres concernés, a téléphoné à Nicolas Sarkozy et a présidé, hier soir, une réunion ministérielle.
 
«Pouvoirs publics ouverts au dialogue»
 
«Nous avons une totale envie de débloquer la situation par le dialogue. Le premier ministre peut faire de nouvelles propositions, nous sommes prêts à discuter de tout, taxer les CDD, mieux encadrer les stages...», fait-on valoir à Matignon. A l'Elysée, on tient le même langage : «Les pouvoirs publics sont ouverts au dialogue. Il y a matière, dans le cadre de la loi votée par le Parlement, à enrichir, à améliorer le dispositif.»
 
Le bémol à cette détermination paraît venir, à droite, de Nicolas Sarkozy et de ses amis. Hier matin, le président de l'UMP a réuni son état-major. L'homme de «la rupture» a ensuite exprimé à Dominique de Villepin ses craintes : «Vous ne vous rendez pas compte. Le CPE ne mérite pas un tel bras de fer avec le pays.» Des inquiétudes qui n'ébranlent pas Dominique de Villepin. «Face aux sarkozystes qui le critiquent par en dessous, le premier ministre considère que son isolement le grandit.» Preuve qu'il n'est pas au trente-sixième dessous, le chef du gouvernement a sacrifié à son jogging rituel. Une heure samedi au bois de Boulogne, une heure encore, hier à Longchamp. Ce matin, il reçoit des chefs d'entreprise, cet après-midi, des jeunes, parmi lesquels des opposants au CPE. L'occasion pour lui d'afficher sa posture d'homme ouvert au dialogue, sans rien lâcher sur l'essentiel.
 
 

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