Thierry Breton : "Tous les indicateurs économiques progressent depuis un an"

Publié le par rezeid

La France traverse une crise sociale depuis plusieurs semaines. Celle-ci ne va-t-elle pas avoir des conséquences économiques ?

 

Aujourd'hui, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ne prévoit pas d'impact à ce stade. Les Français doivent prendre conscience des tendances de la situation économique du pays qui sont bien meilleures que certains ne le pensent. Par exemple, la consommation n'a jamais été aussi forte qu'en février et elle n'est pas affectée par la légère baisse de moral des ménages.

 
Pour que l'on comprenne clairement où nous en sommes, en réalité, je présente ce matin le "radar" de l'économie française en examinant l'augmentation du pouvoir d'achat, des exportations, de la croissance, de la consommation (…), Tous ces indicateurs progressent depuis un an. La politique économique du gouvernement sous la conduite du premier ministre, Dominique de Villepin, permet à la France de retrouver une croissance saine et équilibrée qui a fait baisser le chômage. C'est un fait !

Vous avez communiqué à la Commission européenne un chiffre de déficit public limité à 2,87 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2005 et une dette qui progresse à 66,8 % du PIB. Comment expliquez-vous ces chiffres ?

Tout d'abord, dès que j'ai pris mes fonctions, il y a plus d'un an, le niveau du déficit attendu était de 3,4 %. J'ai dit que ce n'était pas acceptable et qu'il fallait revenir à un niveau de 3 % conformément à nos engagements européens. C'est chose faite.

J'ai dit alors que la France vivait au-dessus de ses moyens et qu'il fallait mieux maîtriser la dépense publique. Cela nous a donné des marges de manœuvres pédagogiques pour prendre et expliquer les décisions difficiles nécessaires. Nous avons procédé à un gel puis à une annulation sans précédent de 6 milliards d'euros de crédits. Semaine après semaine, avec mes équipes, nous avons piloté les finances publiques pour optimiser dépenses et recettes. Avec Jean-François Copé [le ministre délégué au budget et à la réforme de l'Etat], nous avons géré au mieux l'argent des Français. C'est ce qui permet d'apporter ce bon résultat à nos concitoyens et à Bruxelles.

Pour 2006, quelle est votre prévision de déficit ?

A l'automne, j'avais indiqué qu'il devait être en dessous de 3 % du PIB. Je veux maintenant aller plus loin compte tenu de nos résultats 2005. Je fixe donc un nouvel objectif à 2,8 % du PIB pour 2006. Je m'étais par ailleurs engagé à stabiliser notre ratio"dette publique sur PIB" dès 2006 par rapport aux résultats de 2005. Cet objectif sera atteint et j'espère même pouvoir engager sa réduction dès cette année.

Maintenez-vous toujours vos prévisions de croissance ?

Lorsque l'Insee avait publié son estimation précoce de croissance pour le dernier trimestre 2005 qui s'établissait à 0,2 %, beaucoup de commentateurs avaient un peu vite pensé qu'il s'agissait d'un ralentissement. Pour notre part, comme nous l'avions dit, ce chiffre ne nous paraissait pas conforme à ce que nous observions. Ce matin l'Insee l'a révisé à la hausse à 0,4 %. Cela conforte notre appréciation de la situation économique ainsi que notre estimation de croissance – comprise en 2 % et 2,5 % – pour 2006.

Et en matière d'emploi ?

Nous confirmons la prévision de création de 200 000 emplois pour 2006. Je pense que les statistiques sous-estiment encore l'effet positif du contrat nouvelle embauche (CNE) sur le marché du travail et la consommation. Le taux de chômage devrait se situer en dessous de 9 % à la fin de l'année.

Où en est le projet de fusion entre Suez et Gaz de France (GDF) ?

Les organisations syndicales ont posé environ 70 questions réparties en huitchapitres sur le projet. Une dizaine de réunions ont déjà eu lieu. Les prochaines concerneront le rôle de l'Etat. Les suivantes des problèmes spécifiques à chacune des entreprises. Le processus de concertation va encore prendre quelques mois. Il faudrait que le Parlement soit saisi en juin pour que la fusion puisse être effective vers la fin de l'année.

Plusieurs pays européens ont critiqué la stratégie du gouvernement français dans cette affaire.

L'Etat soutient ce projet car c'est un projet européen qui a un vrai sens industriel et est créateur d'emplois nets. C'est le premier ministre qui l'a présenté car non seulement l'Etat est le premier actionnaire de GDF mais parce qu'il fallait indiquer que le gouvernement était prêt à soumettre au Parlement une modification de la loi de 2004 sur le capital de l'entreprise.

Où en est l'examen du projet industriel de Mittal Steel qui vous a été présenté il y a deux semaines suite à l'offre de rachat de ce groupe sur Arcelor ?

J'ai créé une équipe spécialisée au sein du ministère pour poser les questions nécessaires. Elle attend encore des compléments d'information de ce groupe et lui adressera une liste de questions détaillées dans la foulée.

Que pensez-vous de la fusion entre Alcatel et Lucent ?

Ce n'est pas à l'Etat de se prononcer. Il n'est pas actionnaire. S'il estime devoir poser des questions en tant que partie prenante, il le fera le moment venu.

Le parquet vient de se pourvoir en cassation contre la décision de la cour d'appel de Paris de valider certains aspects qu'il conteste dans l'instruction du dossier Rhodia dans lequel vous êtes partie prenante. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Rien.

Publié dans Ministres

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