Jacques Chirac se place au-dessus de la mêlée

Publié le par rezeid

Devant l'association des maires, le chef de l'Etat s'est posé en rassembleur et entretient le suspense.
Candidat ou pas à un nouveau mandat, Jacques Chirac veut donner le tempo des débats de la campagne. Après Colombey-les-Deux-Eglises et Amiens, ces derniers jours, il s'est adressé hier aux maires de France réunis en congrès à Paris pour se poser en rassembleur face aux «tensions» de la société et défendre les fondements de «l'identité française» . Une thématique dont il a fait l'axe central de tous ses récents discours et qui sonne en creux comme une critique de fond de la «rupture» sarkozyste.
 
Mais hier, Jacques Chirac a aussi pris date à coups de prophéties et d'ouvertures de nouveaux chantiers. Testament politique ou programme de futur candidat ? Le chef de l'Etat prend à l'évidence plaisir à entretenir le suspense : «La France est un grand pays. Un pays solidaire et dynamique, un pays fier de son indépendance et des valeurs qu'il porte. Tout l'enjeu des années qui s'ouvrent devant nous, c'est de faire vivre l'identité et l'ambition françaises. [...] C'est de faire vivre l'esprit d'unité et de rassemblement», a-t-il lancé.
Envolées. Persuadé que les «tensions ne sont pas le signe d'un affaiblissement de nos valeurs», mais qu'elles «appellent au contraire à leur réaffirmation», Jacques Chirac a annoncé hier la mise en place imminente d'un «observatoire national de la laïcité». Sa mission : éviter les dérives communautaires au sein des services publics, des hôpitaux ou des équipements sportifs. De même, il a fait part de la création d'une «cérémonie de citoyenneté» pour les jeunes Français accédant à leur majorité. Chacun y recevra sa carte d'électeur et un code républicain tout en signant «son adhésion aux valeurs de la République». Depuis sa réélection en 2002, Jacques Chirac est coutumier de ce genre de grandes envolées sur la défense des valeurs de la République. Mais ce qui ressemblait d'abord à des incantations prend paradoxalement un autre relief en cette fin de mandat alors qu'émerge, à gauche comme à droite, une nouvelle génération de présidentiables.
Le Président a également indiqué que «le combat pour la sécurité de tous est par excellence un combat qui doit nous rassembler». Sans citer le nom du ministre de l'Intérieur mais en défendant le principe de sa loi actuellement en discussion, il a assuré que la délinquance a baissé de 9 % en quatre ans grâce «à l'action du gouvernement» et à «l'engagement au quotidien» des maires. Et sans être aussi direct que Michèle Alliot-Marie, reprochant la semaine dernière à Sarkozy de faire l'amalgame entre «jeunes et voyous», il a insisté sur la nécessité d' «affirmer les règles et [de] savoir tendre la main». 
Confidence. En occupant sans relâche le terrain des principes et en réaffirmant comme hier sa volonté de diriger le pays jusqu'au bout, Jacques Chirac continue à distiller l'idée que rien ne peut se faire sans lui à droite en 2007. Plus gaulliste que jamais et campé dans son rôle de chef de l'Etat version Ve République, il entend retarder le plus possible l'annonce de sa décision de se représenter ou pas. Nicolas Sarkozy assure que le Président se prononcera fin février et laisse entendre, pour se rassurer, que sa réponse sera négative. «Nul ne peut se prévaloir d'aucune confidence du Président sur une décision qu'il n'a pas prise», rétorque un de ses conseillers. A l'Elysée comme à l'UMP, chacun sait trop bien que la nature profonde de Chirac est d'être en campagne permanente... Et éventuellement candidat.

Publié dans Divers

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