"Il y a de sa part un acharnement à détruire un adversaire politique"
Le CD-ROM contenant des éléments sur Clearstream que Jean-Louis Gergorin affirme lui avoir transmis au printemps 2004. «Je ne l'ai jamais vu. Un CD-Rom a été retrouvé chez moi lors de la perquisition de 2007. A la suite d'expertises coûteuses, il est apparu qu'il ne contenait que de pauvres œuvres littéraires - les miennes.»
La garde à vue d'Imad Lahoud, le 25 mars 2004, dans une affaire d'escroquerie. «Je n'ai jamais fait d'intervention d'intérêt personnel de ma vie. J'appelle le général Rondot de ma voiture, me rendant à l'aéroport pour rejoindre un Conseil européen. Le général, ému, l'indique qu'il est victime d'une indélicatesse de Jean-Louis Gergorin [ndlr : le vrai/faux sauf-conduit retrouvé sur M. Lahoud, mentionnant les coordonnées du général]. Je lui ai indiqué de voir ce qu'il en était. Le nom d'Imad Lahoud n'a jamais été cité devant moi, jamais. Pour moi, c'est le problème du général et du ministère de la Défense. Ce 25 mars 2004, une source, et pas n'importe laquelle, a “explosé”. C'est la quatrième fois qu'elle pose problème (Imad Lahoud est sorti de prison en octobre 2002, la DGSE a estimé qu'il n'était pas fiable, il est compromis dans une affaire de fuites au bénéfice d'un hebdomadaire). Il aurait fallu couper court avec cette source. Non seulement ce n'est pas fait, mais personne ne s'interroge sur l'avenir d'Imad Lahoud et on tente d'impliquer un ministre pour conférer à la source un intérêt supérieur. Tout aurait pu, tout aurait dû s'arrêter ce 25 mars. Or, tout s'accélère.»
Les listings trafiqués. «Je ne les ai jamais vus, je n'ai jamais été informé de leur caractère frauduleux. Aucune des notes dont j'étais destinataire n'indiquait que c'était des faux et que mon ministère devait agir. Le ministère chef de file, c'était celui de la Défense.»
Les visites secrètes Jean-Louis Gergorin place Beauvau. «Trop, c'est trop. 26 officiers de sécurité du ministre de l'Intérieur ont démenti, de même que les huissiers qui accueillent tous les visiteurs. Je trouve curieux que leur parole pèse moins que celle d'employés d'une officine de sécurité recrutés par EADS. Pour accéder à mon bureau, il faut en traverser d'autres, ainsi que des antichambres. Comment aurais-je pu recevoir M. Gergorin discrètement ?»
Le Blackberry fourni par Jean-Louis Gergorin à Dominique de Villepin pour communiquer sur Clearstream. «Il ne m'a équipé de rien du tout. Il a déposé à mon secrétariat un engin Blackberry que je n'ai jamais vu. Quand je l'ai appris, j'ai été fort mécontent et j'ai demandé à ma collaboratrice de le restituer.»
Le face à face entre Dominique de Villepin et Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, était attendu. Il a donné lieu à une brusque montée de tension dans la salle d’audience. Alors que Me Herzog interrogeait l’ancien premier ministre sur un certain nombre de “coincidences” tendant à démontrer son implication dans l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin s’est retourné violemment vers lui et a répliqué:
- Votre tentative a quelque chose de désespéré! J’ai été accusé de tout, dans cette affaire. On peut poursuivre la calomnie et la rumeur. Elle chemine, elle chemine et continue ici, devant ce tribunal et cela, je ne peux pas l’admettre. Vous n’arriverez pas à impliquer le ministre que j’ai été pour des actions qu’il n’a pas commises.
Tout au long de cette instruction, le doigt de Nicolas Sarkozy a été pointé sur moi et sur le président de la République. Un certain nombre de hauts fonctionnaires ont été menacés. C’est à partir de là que ce dossier a été construit de façon unilatérale pour le bénéfice d’une seule partie civile qui cherche à se faire justice elle-même, par le biais médiatique et judiciaire. Il y a une volonté, un acharnement à détruire un adversaire politique. La Chancellerie a été victime d’un véritable harcèlement! Il suffit de regarder Nicolas Sarkozy: Quand il prononce le nom de Clearstream, sa physionomie change!”.
Puis il évoque une époque où dit-il, “Me Herzog travaillait avec moi à l’Elysée quand j’étais secrétaire général et avait un ton beaucoup moins agressif…”
Thierry Herzog a attaqué Villepin frontalement. Il n'a pas eu plus de succès. «Vous n'arriverez pas à démontrer une implication du ministre que j'ai été pour des actions que je n'ai pas commises, lui a rétorqué l'ancien Premier ministre. Cela montre bien ce que votre tentative a de désespéré.»
Source: Le monde, le figaro, 20 minutes