Jacques Chirac et Dominique de Villepin sur tous les fronts

Publié le par rezeid

Grippe aviaire, chikungunya, affaire Ilan: alors que les dossiers sensibles s'accumulent pour l'exécutif, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, main dans la main, font preuve d'un activisme à tous crins. Pour le Premier ministre, dont la cote de popularité s'effondre à cause du CPE, il s'agit de montrer que son gouvernement est à l'action et a tiré les leçons des crises passées.
Après les couacs de la semaine passée sur le Clemenceau, le chef de l'Etat et le Premier ministre s'efforcent de reprendre la main en multipliant les déclarations et déplacements tous azimuts. Manière aussi de gommer l'impression de flottement qui avait prévalu au sein du couple exécutif sur le dossier de l'ancien porte-avions. Face à un Dominique de Villepin jugé plutôt discret, le président avait dû monter lui-même en première ligne pour ordonner le rapatriement.
L'objectif, désormais: agir de conserve dans la transparence. Alors que la France a été touchée par le virus H5N1 de la grippe aviaire, Dominique de Villepin s'est rendu mercredi dans l'Ain, où a été retrouvé le canard sauvage contaminé, pour assurer la filière avicole de la "solidarité nationale". A la mi-journée, Jacques Chirac s'était voulu rassurant et pédagogue: "il n'y a pas de danger à consommer de la viande de volaille et des oeufs", a-t-il certifié lors du Conseil des ministres, répétant le message martelé par les autorités depuis plusieurs semaines.
Vendredi, le Premier ministre sera encore sur le terrain. Aux côtés du ministre de la Santé Xavier Bertrand, il assistera à Lyon à l'exercice régional de simulation d'une éventuelle pandémie. Dès la semaine dernière, avant la confirmation du premier cas de H5N1, il avait décrété le confinement général des volailles et multiplié les mesures de précaution. Ce qui lui a valu un satisfecit du président, qui a salué mercredi l"'esprit de calme et de responsabilité".
Autre crise, même activisme. Face à la progression fulgurante de l'épidémie de Chikungunya à La Réunion, l'hôte de Matignon a repris les commandes. Il se rendra sur place ce week-end pour contrôler le dispositif médical et la démoustication. Mardi, le PS avait provoqué un esclandre à l'Assemblée en dénonçant l"'inertie" des autorités.
Enfin, dans la délicate affaire Ilan Halimi, Jacques Chirac et Dominique de Villepin multiplient les signes d'attention envers une communauté juive inquiète. Les deux hommes assisteront jeudi soir à l'office célébré en mémoire du jeune homme à la synagogue de la Victoire, à Paris. Lundi, alors que la circonstance aggravante d'antisémitisme venait d'être retenue, le Premier ministre s'était engagé à dire "la vérité" et à faire "toute la lumière".
Pour Dominique de Villepin, il s'agit de montrer que son équipe fait front. Et ce d'autant que sa popularité est à son plus bas niveau. Le Premier ministre fait les frais du CPE, sur lequel il joue en partie ses ambitions présidentielles, et du recours au brutal 49-3. Selon un sondage CSA rendu public mercredi, sa cote de confiance s'écroule de 11 points, à 36% de satisfaits. Un sondage Ifop faisait déjà état dimanche d'une chute de 9 points, à 43% de satisfaits.
Plus largement, l'exécutif entend montrer que les leçons des précédentes crises sanitaires ont été tirées, qu'il s'agisse de la vache folle, du sang contaminé ou de la vacance du pouvoir lors de la canicule de l'été 2003 sous le gouvernement Raffarin. En la matière, le gouvernement n'a guère le choix. Depuis février dernier, le principe de précaution prévu par la Charte de l'environnement est gravé dans le marbre de la Constitution de la Ve République.
"On a tiré beaucoup d'expériences des événements passés en matière de crises sanitaires", estime le porte-parole de l'UDF François Sauvadet, qui a présidé en 2001 une commission d'enquête parlementaire sur la maladie de la vache folle et juge que le dossier grippe aviaire est géré "avec sérieux", "transparence" et sans "affoler inutilement".
Plus sévère avec le Premier ministre, le député centriste met son activisme sur le compte de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy. "Il est sur tous les fronts, visiblement il veut reprendre la main par rapport à son second", raille-t-il. Même son de cloche pour le PS, qui qualifie le déplacement à La Réunion de "gesticulation".
Faux, réplique le député UMP villepiniste Hervé Mariton, pour qui "la situation commande la présence du Premier ministre" sur le terrain. Quant à en tirer des bénéfices dans les sondages: "je ne suis pas sûr qu'à aller sur le front de la grippe aviaire ou sur le front du Chikungunya il y ait beaucoup à gagner", mais "c'est de ne pas y aller qui serait reprochable", philosophe-t-il.

Publié dans Divers

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