Villepin: emploi et pouvoir d'achat, enjeux majeurs de la présidentielle
Estimant qu'il "est trop tôt pour savoir" sur quels grands thèmes se jouera l'élection, le Premier ministre regrette "qu'en matière économique, les vrais débats ne soient pas encore posés". Il distingue cependant ces quatre enjeux, détaillant ses objectifs qui sonnent comme un programme de campagne.
A propos de l'emploi, il rappelle la nécessité de parvenir au plein-emploi, soit à un taux de chômage autour de 6%, se disant "convaincu que nous pourrons y parvenir pas à pas" en créant pas seulement "de nouveaux emplois" mais de "bons emplois, en refusant la précarité".
Concernant l'innovation, Dominique de Villepin indique qu'il faudra agir pour que "les entreprises multiplient par deux leur effort de recherche dans les années à venir".
Au sujet du pouvoir d'achat, "il s'agit d'un vrai choix de société", affirme le chef du gouvernement. "Nous n'avons pas trouvé le bon équilibre entre les résultats des entreprises et la rémunération du travail", souligne-t-il.
A l'égard de l'endettement, "il faut regarder la réalité en face", dit M. de Villepin. "Lorsque l'Etat s'endette, les Français s'appauvrissent. Lorsque l'Etat s'endette, il n'a plus les moyens de moderniser les services publics, il n'investit plus ou pas suffisamment pour l'avenir".
Interrogé pour savoir s'il exclut de se présenter en 2007, M. de Villepin affirme: "Je suis bien occupé, j'ai des responsabilités claires. Chef du gouvernement, je dirige une équipe (...) Je souhaite mener cette tâche jusqu'au bout".
Par ailleurs, Dominique de Villepin plaide l'équilibre "entre les exigences économiques et les attentes sociales" plutôt que la rupture, proposée par le président de l'UMP Nicolas Sarkozy.
"Pour les Français, l'économie doit être au service d'un modèle de croissance et de justice sociale, ce que j'ai appelé la croissance sociale", insiste le Premier ministre, estimant que cette question "sera sans doute l'un des grands enjeux des prochains débats" de la campagne présidentielle.
Rappelant les résultats économiques encourageants de ces derniers mois, le chef du gouvernement dit en tirer plusieurs leçons, notamment que la France peut "réussir dans l'économie mondialisée", que "l'Etat doit créer l'environnement favorable à cette réussite" et "qu'il est possible de maintenir un équilibre entre les exigences économiques et les attentes sociales".
Interrogé sur l'opposition entre sa volonté d'"équilibre" et la notion de rupture, il dit: "Ce qui est essentiel pour moi, c'est ce qui fonde notre identité (...) Comment faire des propositions fortes et innovantes tout en restant fidèles à nous mêmes? C'est tout le défi des années à venir".
La France "est attachée à ses services publics, attachée à un certain mode de vie, attachée à la lutte contre les inégalités et aux idéaux républicains. Faisons de cet attachement un atout", suggère-t-il. "Si nous savons respecter cette identité française, tout en faisant preuve de pragmatisme, nous saurons trouver notre voie".
Selon un sondage CSA-LeParisien publié lundi, la majorité (62%) des Français souhaite que le prochain président de la République "aménage le fonctionnement actuel de la société française", plutôt qu'il n'"instaure une rupture" (25%).